Qu'est ce que l' Endométriose ?

09/09/2013 19:09

L'endométriose est la présence de muqueuse utérine en dehors de la cavité utérine.

On observe ce phénomène principalement dans la cavité péritonéale et au niveau des ovaires. Cependant ce tissu ectopique peut également être retrouvé sur les organes digestifs, dont le rectum, sur la vessie, voire sur les reins, le diaphragme, le péritoine et exceptionnellement dans tout organe. Le tissu endométrial est hormono-sensible et comme l’endomètre suit le cycle menstruel.

L'endométriose est une maladie encore très mystérieuse. Si son mode de survenue et de développement est à peu près compris, son étiologie, son évolution, sa physiopathologie sont encore inconnues. De ce fait, son traitement reste encore très empirique. Elle entraîne essentiellement des problèmes de douleurs et d'infertilité.

On estime que 10 à 20 % des femmes souffrent d'endométriose. Pourtant, toutes ne sont pas diagnostiquées, car souffrant de formes peu étendues. Elle est responsable de près de la moitié des règles douloureuses.

 
Si la cause précise (étiologie) reste jusqu'à présent inconnue, différentes hypothèses tentant d'expliquer la genèse de l'endométriose existent :
 

Théorie du reflux

L'hypothèse de Sampson suggère que ce sont des reflux de sang qui sont à l'origine de l'endométriose. En effet, lors des menstruations, le sang menstruel peut ne pas totalement s'écouler par le vagin et une partie de ce sang peut refluer vers les trompes et inonder la cavité péritonéale. Ce sang est naturellement composé de cellules endométriales vivantes qui peuvent s'infiltrer dans le tissu péritonéal (un peu comme une cellule cancéreuse) en utilisant diverses enzymes (MMPs ou métalloprotéinases de la matrice). Différents éléments appuient cette hypothèse, le fait de trouver du sang dans le cul-de-sac de Douglas lors de menstruations à la laparoscopie, le fait que l'on détecte des cellules endométriales dans le liquide de dialysat péritonéal chez les femmes en dialyse péritonéale…

Théorie métaplasique

La seconde hypothèse est le fait que le péritoine qui recouvre les organes présents dans la cavité abdominale dériverait d'un tissu embryologique appelé cœlomique et posséderait une pluripotentialité. En effet, ce tissu aurait la capacité de se transformer, de suivre une transformation métaplasique en d'autres tissus, comme du tissu endométrial.

Théorie de la métastase

La dernière hypothèse évoquée est la théorie de la transplantation ou de l'induction. Elle suggère que lors des menstruations, les différents vaisseaux (artérioles spiralées, vaisseaux lymphatiques,...) aspirent des cellules endométriales dans la circulation systémique et permet de ce fait l'essaimage dans tout l'organisme. Elle explique les différentes localisations que la maladie peut avoir.

Aucune théorie ne pouvant expliquer à elle-seule toutes les localisations, il est probable que ces trois mécanismes puissent jouer de façon conjointe

Les 3 facteurs importants qui jouent un rôle sont :

  • la présence d'un reflux de sang menstruel dans la cavité péritonéale ;
  • la présence de macrophages inefficaces, immuno-incompétents ou dépassés par les quantités à résorber ;
  • le fait d'être réglée, donc d'avoir des règles.

Hypothèses étiologiques

Hypothèse auto-immunitaire

Malgré la mise en évidence de nombreuses anomalies du système immunitaires (TNF, Interleukines …) il n’a jamais été retrouvé d’anticorps spécifiques de l’endométriose ni aucune relation avec une grande pathologie immunitaire connue (maladie d’Hashimoto, polyarthrite rhumatoïde, syndrome anti-phospholipides…). Finalement même si existent des anomalies dans l’immunité locale, rien ne permet de dire s’il s’agit d’une cause ou d’une conséquence.

Hypothèse toxique

L’hypothèse que des produits chimiques toxiques est séduisante. Les dioxines ont été accusées avec certains arguments. Mais à ce jour rien de plus probant n’a été prouvé.

Hypothèse environnementale

Dans le même ordre d’idée, des hypothèses ont envisagées comme le rôle de l’alimentation ou d’autres exposition à des produits polluants ou autres. Rien n’a jamais pu être étayé. Tout au plus peut-on affirmer que la pilule contraceptive n’est pas une cause de l’endométriose mais qu'elle ne protège pas non plus de sa survenue et de son développement à long terme.

Hypothèse infectieuse

Bien que jamais prouvée l’étiologie infectieuse reste plausible plutôt sur le versant viral ou prion.

Hypothèse génétique

L’hypothèse génétique est envisagée depuis de nombreuses années. De nombreuses publications ont mis en évidence des variants génétiques plus fréquent en cas d'endométriose qu'en l'absence. Par exemple,en 2012, une équipe de la Yale University a mis en évidence une mutation sur le gène Kras (gène stimulant la croissance et la prolifération tissulaire) au niveau des let-7 ; cette mutation est retrouvée chez 31 % des femmes suivies pour endométriose alors qu'elle n'est retrouvée que chez 5 % des femmes dans la population générale. Mais il ne s'agit là que d'une publication supplémentaire qui vient se rajouter à une centaine d'autres du même type qui montrent une relation entre des variantes génétiques et des perturbations biologiques retrouvées dans les lésions d’endométriose. Tout cela suggère que certains variants génétiques jouent un rôle facilitateur ou inhibiteur à l'installation de l'endométriose, mais sûrement pas que l'endométriose est une maladie génétique.